John naît à New York, dans une famille dite privilégiée qui lui offrira tout ce qu'il veut et lui donnera le sentiment d'être au dessus de tout le monde dès son plus jeune âge. Son père fit rapidement fortune dans les compagnies fluviales, avant de sentir le vent tourner et de tout miser sur la construction ferroviaire alors en pleine expansion. Sa mère quant à elle n'était qu'une humble femme de ménage, mariée une première fois et mère d'un premier enfant, Johnse. Rushmore s'enticha de la veuve et l'épousa avant qu'elle ne lui donne un fils. L'argent rend apte John à décider de son avenir et c'est tout naturellement qu'il se tourne vers des études d'Histoire : il fut bercé par sa mère avec des contes mythologiques, des légendes historiques et le récit des grands faits d'Histoire qui ont fait le monde d'aujourd'hui. John se montre un élève brillant, curieux et audacieux, qui ne tarda pas à se faire remarquer tant par ses capacités que par son tempérament déterminé et prétentieux.

Devenu docteur en Histoire, spécialiste de la Grèce, les grandes Université du pays se l'arrachent, confortant l'historien dans son sentiment de grandeur et de toute puissance dans son domaine, et il s'installe alors à Washington DC. John a acquis une renommée nationale et même internationale suite à la publication de multiples ouvrages, notamment concernant la Grèce antique et ses mythes qu'il tente de confirmer ou d'infirmer. L'on vient de loin pour assister à l'une de ses conférences ou pour avoir la chance de travailler avec lui. Cette célébrité le rend toujours plus avide et arrogant, mais le laisse célibataire, c'est un homme trop occupé qui n'a pas de temps à perdre avec les femmes. Il met un point d'honneur à rester le premier, car même si l'homme est imbu de lui-même, on ne peut nier que c'est un travailleur acharné. Aussi, lorsque John Beechman lui demande de participer à son projet, Rushmore n'hésite pas, tout en prenant soin d'insister pour prendre la tête de cette expédition : s'ils parviennent à leur but, cela signifiera la gloire et la fortune, et John Rushmore est prêt à tout, absolument tout, pour gagner cette partie...

Née d'un des nombreux rois du caviar russe, Anastasia s’est employée rendre son existence des plus exceptionnelles encore. Fille unique, elle fut élevée dans l'opulance, développant un tempérament égoïste et tyrannique au fil des années. En effet, elle n’a pas pour habitude qu’on lui dise non, et met un point d’honneur à obtenir tout ce qu’elle désire, n’hésitant pas sur les moyens à employer. En même temps, comment lui en vouloir lorsque l'on sait que ses parents, peu présents, ont cherché à compenser leur absence en répondant au moindre de ses caprices ? Très vite, la belle apprit à utiliser son joli minois pour subjuguer quiconque passait sur son chemin :l'argent, c'est bien, les conquêtes au dessus de la ligne de besoin, c'est mieux. Mais sa véritable passion réside dans la collection et l'admiration d'œuvres d'art qui, de tout temps, ornaient  l’immense demeure familiale. Elle lui donnèrent très tôt le goût du beau et du luxe, et après des études poussées en Histoire de l'Art et en droit, couplées à une charge de commissaire priseure et experte, Anastasia développa rapidement une véritable une soif de possession.

Du statut d’héritière immensément riche, elle est passée à celui de femme milliardaire. Sa fortune ? Il se murmure que la femme fatale gère des trafiques d’œuvres d’art à travers le monde, écoutant les moindres rumeurs de trésors cachés et se donnant les moyens de les acquérir pour les revendre au plus offrant. De ce fait, lorsqu'elle entendit parler du projet de John Beechman, elle se donna pour objectif de participer à cette expédition, coûte que coûte. En bonne garce manipulatrice, elle réussit à s’imposer, jouant de ses charmes et de sa fortune, intriguant sans relâche jusqu’à parvenir à ses fins. Mais l’appât du gain était trop fort pour qu’elle puisse y résister, et lorsque la belle russe décide quelque chose, elle ne lâche pas l’affaire. Très vite,  Anastasia se rapprocha de John Rushmore, ce grand historien de renommée internationale, qui se trouve à la tête de l’expédition du Georges Washington : l’homme est ambitieux, comme elle, et fait preuve d’une force et d’une détermination sans faille. Ce caractère allié à ses incroyables connaissances fait de Rushmore la personne cible à laquelle il convient de s’accrocher si l’on veut aboutir à la découverte du siècle. Et Anastasia a vite compris qu’il était dans son plus grand intérêt de se lier à lui, de la manière la plus intime possible, histoire de recevoir des confidences sur l’oreiller et de pouvoir les doubler tous, au moment opportun…

La vie ne fut pas des plus tendres avec James Thatch : orphelin, il n’a même pas connu ses parents et il fut élevé par son grand-père, un illuminé obsédé par le mythe de l’Atantide. Cela aurait pu le transformer en un enfant réservé et renfrogné, habité par la tristesse et l’amertume. Et pourtant, il n’en fut rien. Son grand-père, qui s’occupa de lui avec beaucoup d’amour, reste une figure importante pour lui, un phare, un modèle, et là où les gens voyaient parfois un pauvre fou, James ne voyait qu’un homme passionné par ses recherches. Il grandit alors bercé par ce mythe de la cité engloutie, écoutant son grand-père lui en parler, l’aidant même dans ses investigations et apprenant toujours plus à son contact. James fut de plus en plus émerveillé par ce mythe et se jura de continuer ce qu’avait entreprit son grand-père.

Le jeune homme suivit donc des études d’Histoire, avec brio. Mais toujours au fond de lui était nichée sa quête, et il se concentra bientôt essentiellement sur l’Atlantide. Au plus grand désespoir de ses professeurs qui ne voient là que légende et conte à dormir debout. Se retrouvant seul au monde et sans beaucoup d’argent, il devient employé de musée et poursuit sans relâche ses recherches, fasciné plus que jamais par l’Atlantide et persuadé de pouvoir trouver des réponses à des questions vieilles de milliers d’années. Et alors qu’il croit être maudit, son ciel s’ouvre lorsque John Beechman le contacte et lui parle de son imposant projet : voilà enfin quelqu’un prêt à le croire et à l’écouter, et surtout à lui donner sa chance et les moyens de réaliser son rêve et celui de son grand-père. C’est emballé qu’il décide d’embarquer dans l’aventure, inconscient des réels enjeux et des personnalités avides et ambitieuses qu’il allait côtoyer. Très vite, il est sujet aux moqueries de ses compagnons de voyage et fait office de tête de turc. Mais, sans y être insensible, ce qui compte le plus pour lui est d’enfin trouver l’Atlantide et de prouver au monde entier que son grand-père avait raison.

Rien ne prédestinait Mark à devenir celui qu’il est aujourd’hui : orphelin, il a perdu ses parents alors qu’il était à peine âgé de six ans et fut envoyé dans un orphelinat. Mais le petit, épris de liberté, ne supportait pas de rester confiner dans cet établissement froid et sans amour, comptant seulement sur le sort et la bonne fortune pour trouver une nouvelle famille qui l’accueillerait et prendrait soin de lui. Aussi faisait-il souvent le mur pour aller vadrouiller dans la grande ville de New York, bernant les surveillants de l’orphelinat et s’entraînant déjà à l’art qui fera de lui une célébrité quelques années plus tard. Jusqu’à l’âge de dix ans, Mark se contenta de s’évader quelques heures de sa prison et de commettre de menus larcins, dérobant des bourses, ou volant des petits objets dans des boutiques. Mais un jour, il se retrouva à bord d’un paquebot de luxe, en direction de l’Europe, et sa vie allait commencer.

Sur ce bateau, il rencontra un magicien engagé pour distraire les passagers. L’homme prit le petit Cooper sous son aile et lui apprit les ficelles du métier de magicien. Ensemble, ils sillonnèrent l’Europe, et Mark montra des prédispositions dans l’art difficile de la prestidigitation, et bientôt, l’évasion devint sa spécialité, parvenant à se libérer de cordes, de boîtes et autres entraves avec talent. Et à mesure qu’il grandissait, le nouveau magicien se fit un nom et une renommée, devenant le magicien le plus célèbre de toute l’Europe. Cette gloire le rendit quelque peu arrogant, le petit orphelin New Yorkais ayant réussi à se faire une place de choix dans le monde, et il s’amuse beaucoup de tromper les gens avec ses tours de passe-passe. Mais ce que le public sait moins, c’est que Cooper utilise ses talents à d’autres fins que le spectacle. En effet, partout où il passe, il semblerait qu’un musée soit cambriolé, sans que les forces de l’ordre ne puissent arrêter un coupable. Ce fait n’est pas inconnu de John Beechman, qui le contacte pour rejoindre l’équipage du Georges Washington. De nature intéressée et vénale, Mark accepte sans hésiter. Mais malgré ses défauts, il prend régulièrement la défense du petit James Thatch, l’orphelin ayant tout de même un bon fond et trouvant dans le jeune historien quelques similitudes avec sa propre histoire.

Tout prédestinait Jack, fils d'un marin cajun, à devenir ce qu'il est aujourd'hui. Situation géographique, héritage familiale, éducation paternelle et caractère propre. En effet, Jack nait à la Nouvelle Orléans, avec en fond sonore le bruit des navires brisant l'eau et le brouhaha ambiant régnant dans le grand et célèbre port de Louisiane. Un père marin de renommée nationale, une mère aimante et compréhensive, le jeune Robertson grandit sans mal dans un monde presque idyllique, courant sur les bords du Mississippi avec ses amis, et jouant au pirate sur le navire de son père. Jack s'est montré enthousiaste dès son plus jeune âge, demandant à son père de lui conter ses aventures et attendant avec impatience le jour où il pourrait l'accompagner en expédition. Car déjà l'enfant facétieux caresse le projet de suivre les traces de son illustre géniteur, s'imaginant en pleine mer, le vent salé lui chatouillant les narines, et désireux de découvrir le monde et ses merveilles. L'esprit aventureux dormait déjà au fond de ce petit être jovial et sympathique.

Et le jour tant espéré arriva enfin. À ses seize ans, son père l'embaucha sur son navire, l'emmenant désormais partout avec lui. Son rêve devenait réalité, mais la réalité dépassait même ses rêves. Excellent élève, il força le respect de ses collègues, démontrant déjà des qualités indéniables malgré son jeune âge, et faisant preuve d'un charisme naturel. À terre, Jack gagna un peu plus en assurance, et l'enfant joueur et curieux devint le jeune homme séducteur, jouant à présent de ses charmes et de sa position de marin pour se faire aimer des jeunes filles. Mais la mer est impitoyable, et aime à le rappeler aux hommes suffisamment courageux pour se lancer sur ses ondes capricieuses : un jour, le navire de son père coula, abandonnant Jack, son père et quelques membres d'equipage à leur triste sort. mais le Destin avait un tout autre projet que la mort pour eux, et les naufragés furent sauvés par un autre grand capitaine : Pierre Delpech de Frayssinet. Ce sauvetage inespéré marqua le début d'une amitié fidèle entre Robertson et Delpech, les deux hommes voguant régulièrement ensemble, pour le plus grand bonheur de Jack qui se voyait formé par deux marins d'exception.

Jack prit cependant son envol, et commença à faire des expéditions sans son père, qui, lui, continuait de partir avec Pierre. Et c'est alors que le drame survint : il y a un mois de cela, une tempête surprit Robertson et Delpech, alors qu'ils étaient partis en mer. Le navire fit naufrage, et seul le capitaine français en réchappa. Unique rescapé, Pierre rentra donc à la Nouvelle Orléans, pour faire face à l'incompréhension, la tristesse mais aussi la colère de Jack, fou de douleur. Que ce soit un refus de faire son deuil ou une part de vérité, Jack est persuadé que Pierre a en réalité abandonné son père à son triste sort, pour sauver sa peau. Il est convaincu qu'il aurait pu le sauver, et que s'il ne l'a pas fait, c'était dans un mouvement égoïste qu'il ne lui pardonnera jamais. Pour le jeune homme, Pierre aurait dû mourir aussi ce jour là.

C'est pour cette raison que le jeune marin refusa l'offre de Johnse Rushmore et de Pierre Delpech d'intégrer l'équipage du Magellan, nourrissant une trop grande rancœur à l'égard du français. Et c'est sans hésitation qu'il accepta celle de Beechman, alors que son propre père devait prendre le commandement du Georges Washington... En son honneur, en sa mémoire, Jack se battra pour gagner la course contre le Magellan.

La petite princesse du bayou. Ainsi fut nommé pendant longtemps ce petit tourbillon, cette petite fille vive et pétillante qui enchantait déjà par son allure douce et féline tout un chacun venant visiter le grand domaine familial. Pleine de joie de vivre, la petite Jane fut élevée dans l’opulence, fille de propriétaires terriens versés dans la culture du coton. Enfant, elle ne connut que douceur de vivre, amusement et aventure, alors que sa nature audacieuse l’emmena très tôt en dehors des murs de la grande demeure pour explorer le domaine et rencontrer toute une palette de personnages tous plus intéressants les uns que les autres. C’est à partir de ce moment là qu’elle commença à s’imaginer des histoires, créant des mondes et des situations, les mettant en scène avant de se décider à les coucher sur le papier. Car il ne faut pas se laisser berner par les apparences, mais tout feu follet qu’elle soit, Jane fut une enfant sérieuse, apprenant avec assiduité ses leçons et formant son esprit à la lecture et à la soif de découverte.

Pendant des années, la jeune fille garda secret les multiples notes qu’elle prenait, preuve de sa fertilité créative et inventive, aussi bien que de son talent certain. Et en grandissant, la délicieuse enfant devint la charmante et ravissante madame Jane Manderly. Elle rencontra un journaliste réputé de l’état, possédant même le journal l’Abeille de la Nouvelle Orléans. Et c’est sans surprise qu’elle le charma, autant qu’elle fut charmée par lui. Un grand mariage s’ensuivit, et malgré la jeunesse de Jane, elle trouva le bonheur dans cette union, son époux l’encourageant même à poursuivre l’écriture et à publier ses écrits. Ainsi, de nombreux romans naquirent sous la plume d’un dénommé « Josh Manderly », et ses œuvres ont d’ailleurs un certain succès. Mais comme toutes bonnes choses, il fallut que l’histoire se termine dans le drame : son mari décéda dans des circonstances très étranges, abandonnant Jane, veuve et sans enfant, à la tête de sa fortune et de son célèbre journal. Aujourd’hui, la veuve signe toujours ses œuvres de son pseudonyme masculin, bien que la vérité ait déjà été éventée et que bon nombre de personnes sache la véritable identité de cet écrivain à succès. Elle continue sa vie, s’impliquant et travaillant sans relâche, et c’est d’ailleurs l’Abeille -le journal- qui l’envoya en mission d’investigation à bord du Georges Washington, pour suivre l’expédition commandité par John Beechman de près. Au-delà du plaisir de l’aventure, Jane voit dans ce voyage un moyen de se rapprocher de son défunt époux, lui qui a énormément écrit au sujet de l’Atlantide…

Freyja Sorensen est la fille du patron de la plus grande usine de laine de mouton de Reykjavik et même de toute l’Island. Elle a donc longtemps considéré comme une petite princesse à qui l’on cède tout et ce jusqu’à ses dix-huit ans et son départ pour le Danemark. En effet une fois arrivée à l’Université de Copenhague cette adolescente fière et passionnée d’histoire et de mythologie nordique se rendit compte que même si son père était un riche industriel elle n’était rien d’autre qu’une simple campagnarde pour les nobles et les bourgeois du vieux-monde. C’est à cette époque qu’elle commença à se créer une armure de glace – ne souriant plus qu’à de très rares occasions - et à passer le plus clair de son temps à la bibliothèque de l’Université. Intelligente et très travailleuse elle termina ses études et décida de retourner sur son île natale assez dégoûtée par la mentalité de certains danois. Elle monta donc une affaire avec ses deux sœurs – l’une archéologue et l’autre traductrice – afin de pouvoir guider et conseiller les historiens chercheurs qui s’intéressaient de plus en plus à l’Islande… John Beechman ne tarda pas à s’intéresser à ce petit groupe d’insulaire et il proposa un poste à Freyja qui accepta dans le but de pouvoir faire connaître la culture de son pays au plus grand nombre.

D’origine européenne, Tony est le petit-fils d’un immigré irlandais venu tenter sa chance sur la terre pleine de promesse qui constituait les Etats-Unis d’Amérique. A la recherche d’une vie meilleure, son grand-père n’hésita pas à investir dans des terrains sur la côte Ouest, parcelles qu’il revendit à prix d’or et qui firent sa fortune et celle de sa famille. Né à San Francisco, Tony grandit alors dans une famille plutôt privilégiée, lui permettant de développer un goût pour la lecture et la culture et lui donnant la chance d’ensuite faire des études universitaires. C’était un enfant calme et patient, mais curieux de tout, à tel point qu’en se saisissant d’un livre en latin dans la bibliothèque, il entreprit d’apprendre cette langue morte afin de déchiffrer les phrases mystérieuses. Ce fut le point de départ. Le point de départ de sa passion dévorante pour les langues anciennes, les langues oubliées. Latin, grec, puis sumérien avant d'élargir encore ses connaissances. Etudiant assidu, il devint rapidement excellent.  

Après des études universitaires menées avec brio, Tony devint professeur de ces langues étranges aux codes stricts et parfois hermétiques. Excellent pédagogue, il n’en reste pas moins de nature maladroite, envoyant valser ses ouvrages ou manquant de tomber en loupant une marche, tant il semble vivre dans un autre monde : l’irlandais d’origine passe son temps le nez fourré dans ses livres, apprenant sans cesse de nouvelles langues, s’intéressant à l’orient, à l’Asie puis peu à peu, aux civilisations amérindiennes et à celles du pacifique. Sa passion l’entraîne dans toujours plus de voyages, persuadés qu’il est que rien ne vaut un retour aux sources pour comprendre une civilisation et sa langue, ou pour simplement la pratiquer lorsqu’elle est encore parlée. C’est au cours de ses nombreux périples à travers le monde que le linguiste entendit parler de la lémurie. Cette théorie le fascina et il commença à vouloir en savoir plus sur le sujet. Beechman le recruta dans l’équipage du Georges Washington en pensant que ses talents pour les langues et ses grandes connaissances sur celles-ci seraient une aide précieuse et Tony vit l’opportunité de continuer à en apprendre davantage et à découvrir de nouvelles choses…

L’air marin. L’odeur de l’huile. Le bruit des outils clinquant sur les pièces de métal. Et cette impression de travailler en s’amusant. Voilà ce qui pourrait parfaitement résumer la vie d’Audrez, et elle vous dirait sans mal qu’elle aime passionnément cette existence. Une femme mécanicien peut sembler choquant à cette époque, mais la belle américaine se moque éperdument de ce que peuvent penser les gens autour d’elle : sa vie est la sienne, sa vie est piquante, sa vie lui plaît. N’est-ce pas l’essentiel ? Pourtant, au départ, d’aucun aurait pu imaginer que la petite fille aurait souffert de l’existence que son père lui imposait : Ramirez voulait des fils. De beaux et solides garçons pour travailler avec lui et reprendre par la suite son métier de mécanicien de bateaux. Le sort se crut malin en ne lui octroyant que des filles. Cinq pour être exact. Audrez trône royalement au milieu et fut à la fois la petite sœur aimée et la grande sœur protectrice et adulée. Se résignant à son sort, le père accepta ses filles… Ou presque : il les éleva tels des garçons, les emmenant sur les  bateaux et leur apprenant à manier les outils. Dès son plus jeune âge, Audrez côtoya les hommes travaillant sur les bateaux, mais aussi les marins, et elle apprit la dure vie d’un adulte devant subvenir à ses besoins. Chacune des filles Ramirez s’employa à prendre la relève de leur paternel, et bien qu’il maugréa sans cesse, l’espagnol immigré adorait ses filles et éprouvait une grande fierté : car quel père pouvait se targuer d’avoir une progéniture pareille ?
 
La petite fille grandit, se transformant en une charmante jeune fille, avant de devenir une très belle femme. Les hommes pourraient se retourner sur son passage. Et ses collègues mécaniciens ne se privent pas pour contempler ses formes aguichantes. Cependant, si d’apparence Audrez serait capable d’avoir tous les hommes à ses pieds, il lui suffit d’ouvrir la bouche ou d’agir pour qu’une bonne majorité ne se désiste : un franc parlé déroutant, un parlé cru digne de ses amis masculins, et des manières peu féminines… Finalement, Audrez est un véritable garçon manqué, et ses compagnons de travail la voient souvent comme un bon copain, et guère comme une femme. Il faut avouer qu’elle est toujours la première à chercher la bagarre et n’hésite pas à se mesurer aux hommes. Ayant vécu toute sa vie dans un univers parfaitement masculin, l’américaine a fini par laisser également leur personnalité déteindre sur la sienne, calquant son comportement sur le leur. A tel point que rapidement, la belle brune se mit à prendre conscience qu’elle préférait contempler les femmes que les hommes… Et si au début, elle en fut quelque peu perturbée, aujourd’hui elle accepte sa différence, sans pour autant l’avouer à quiconque. Les temps ne sont guères tolérants…

Mais elle n’en est pas moins drôle et pétillante de vie, la jeune femme a su dès le départ ce que signifiait le dur labeur, et elle s’en accommode parfaitement, ne rechignant jamais à la tache, le tout dans une bonne humeur contagieuse. C’est par un beau matin qu’elle se retrouva sans savoir réellement comment à bord du Georges Washington, ayant simplement surpris une conversation entre deux passagers du bateau, semblant inquiets au sujet d’un dysfonctionnement mécanique. Aimable et pensant à la rétribution que ces gens visiblement riches pourraient lui offrir, elle monta sur le bateau et s’engouffra dans la salle des machines. L’équipage s’ébranla et voilà que l’imposant Georges Washington prenait la mer, Audrez à son bord alors qu’elle n’avait guère imaginé prendre le large. Et si au début le capitaine voulut la ramener à terre, ses compétences en mécaniques lui valurent la reconnaissance et la gratitude. A tel point que du jour au lendemain, sans n’avoir rien fait de particulier, Audrez Ramirez devint mécanicienne du Georges Washington… L’aventure l’attend au bout du chemin.  

Tommaso Fanucci est le fils d'un immigré italien arrivé dans la ville de New York il y a presque quarante-cinq ans et de la fille d'un barman irlandais. Tom a donc grandit dans un milieu relativement modeste et ses parents se sont rapidement rendu compte qu'il n'était pas fait pour les travaux manuels et surtout qu'il était bien plus intelligent et talentueux que la plupart des jeunes hommes de son âge. Nunzio Fanucci et son épouse enchaînèrent donc les petits boulots afin de pouvoir envoyer leur enfant à l'université... qui refusa sa candidature... Au lieu d'être abattu par cette nouvelle le fils d'immigré, qui avait bien grandit et qui était devenu un très beau jeune homme charma une enseignante de l'Université des Beaux Arts de New York pour ensuite la faire chanter afin de l'aider à être accepté dans ce cercle très fermé essentiellement composé de fils de magistrats, de marchands ou d'entrepreneurs. Une fois inscrit il montra ses immenses talents de peintre à tous ses professeurs et devint le meilleur élève de sa promotion... C'est à cette époque là qu'honteux de ses origines il préféra s'inventer une vie et se faire passer pour le fils d'un riche propriétaire terrien sicilien. Son charme et ses mensonges lui permirent de devenir un des jeunes peintres les plus en vogue de toute la grosse pomme et c'est d'ailleurs lors d'une exposition qu'il fit la connaissance de John Rushmore qui lui proposa une place dans l'équipage du Georges Washington et avide de gloire et de notoriété le joli Tom décida d'accepter la proposition de l'expert en histoire antique.

L’enfant terrible. C’est ainsi que l’on pourrait décrire Jamie qui était né pour réussir et pour développer son caractère d’une suffisance et d’une vantardise insupportable. Fils d’un riche marchand américain, il a grandi dans l’opulence et le faste, habitué à avoir tout, très vite. Tout, sauf ce qu’il aurait le plus désiré… L’amour paternel. Un père absent, un père négligent, un père indifférent. Alors qu’il n’était encore qu’un jeune garçon, son riche et occupé géniteur confia la garde de son fils à la famille Beechman, dont il était très proche, pendant que lui-même devait quitter New York pour l’Europe. L’absence de quelques mois se prolongea, encore et encore, et durant six années, Jamie Langston fut éduqué et élevé par les Beechman, ne voyant son père que de manière occasionnelle. Pour lui, les Beechman sont sa vraie famille. Alors le jeune homme est évidemment très proche de John, mais aussi de la jeune Malinche… Tombé sous son charme alors qu’elle n’était encore que la fille d’une domestique aux yeux du monde, il tente sans relâche de la séduire, mais en vain.

Malgré son manque affectif évident, Jamie démontra un tempérament volontaire, et surtout une intelligence admirable, de laquelle découla son arrogance qui lui colle aujourd’hui à la peau. Son don inné pour les mathématiques et la géométrie le fit s’intéresser très tôt à l’architecture, contemplant les grands monuments de ce monde les yeux emplis d’émerveillement, se promettant d’un jour accomplir la même chose. C’est ainsi qu’il devint architecte, et que son talent fut suffisant pour attirer les regards : on lui doit plusieurs bâtiments à New York même. Mais si Jamie est fier, et suffisant, vous regardant avec une certaine condescendance, il ne recherche en réalité que la reconnaissance de la part de son père, attendant inlassablement qu’il reconnaisse son talent et lui montre une certaine fierté à son égard. Mais non. Monsieur Langston se prouve indifférent, et n’accorde à son brillant fils qu’une visite par an. Alors le jeune américain fonce tête baissée dans la vie, et c’est avec joie qu’il accepta de rejoindre l’équipage du Georges Washington, à la demande de John Beechman. Le pauvre fou voit John comme son meilleur ami, un frère de cœur, et joue le rôle d’espion au sein de l’équipage, s’assurant que tout se passe bien et faisant des rapports réguliers à son ami… L’enjeu est grand et il est nécessaire de se méfier de tout le monde… On pourrait bien vouloir les doubler. Fort de ce rôle officieux et de son lien étroit avec Beechman, Jamie se pavane à bord, se prenant pour un second chef d’équipage, ne craignant pas une seule seconde de tenir tête à John Rushmore et se plaisant à se moquer de James Thatch. Pourtant, la réalité est tout autre et la désillusion risque d’être grande…