Contrairement à ce que pourrait laisser croire son patronyme, Johnse n’eut pas la même chance et les mêmes privilèges que son demi-frère John Rushmore. En effet, sa vie débuta bien plus modestement, au sein d’une humble famille de travailleurs : un père mécanicien et une mère femme de ménage. Sa vie aurait pu continuer paisiblement dans ce milieu mais son père décéda brusquement, suite à un accident de travail, laissant une veuve et un orphelin d’à peine un an. De son véritable père, Johnse ne garde aucun souvenir mais il apprit à détester son père adoptif, qui épousa sa mère à peine quelques mois après la disparition du mécanicien : Rushmore le grand armateur, Rushmore qui fit fortune dans les compagnies ferroviaires, Rushmore qui se débarrassa de cet enfant encombrant -qu’il avait pourtant adopté- au bout de quelques années, quand Johnse fut suffisamment grand pour être séparé de sa mère. Un demi-frère était né de cette nouvelle union, et malgré leur mère commune, les deux enfants divergeaient sur de nombreux points. Seule leur passion commune pour l’Histoire les liait, mais ce n’était pas suffisant pour effacer la rancœur que Johnse nourrissait à l’égard de ce frère qui lui prenait tout : l’amour de sa mère, l’amour d’un père adoptif et une vie confortable. Car Rushmore ne pouvait pas supporter cet enfant qui n’était pas le sien et qui mettait un point d’honneur à lui rappeler sa basse extraction en se comportant comme un vrai sauvage, contrairement à John qui se montrait le parfait petit élève. Alors on envoya Johnse loin de la grande ville, chez des cousins éloignés de la famille, quelque part dans le Montana.

Il ne reçut pas la même éducation que John, délaissé, perdu au milieu de la campagne, travaillant la terre et s’occupant du bétail, mais il avait pourtant soif d’apprendre et continuait de se cultiver. Ses quelques années à New York chez Rushmore lui avait donné le goût de l’Histoire et des aventures, et il se languissait de quitter son trou perdu pour vivre lui-même une grande Histoire. Alors dès qu’il en eut l’occasion, il quitta ses cousins pour partir à l’aventure, s’embarquant sur un bateau et gagnant les terres antiques qui l’avaient tant fait rêver. Mais que pouvait faire un pauvre homme sans diplôme, sans relation, sur une terre hostile ? Il fallait vivre, il fallait manger. Et très vite, il comprit que sa chance de survie résidait dans un métier aussi dangereux qu’illégal : pilleur de tombes. On le payait grassement pour aller risquer sa vie pour déterrer des trésors, et cela lui donnait la chance de toucher du doigt son rêve. Johnse n’est pas le genre d’homme à avoir froid aux yeux, et sa réputation se fit très rapidement. Au fond de lui, Johnse est un homme bon, mais il a développé un tempérament solitaire et taciturne et éprouve parfois des difficultés à communiquer avec son entourage… Ce qui a pour conséquence de le faire qualifier de rustre. Il ne prend pas de pincettes et ne fait que dire ce qu’il pense, peu importe l’impact que cela peut avoir sur les gens. La prise en charge de l’équipage du Magellan est une vraie aubaine pour lui, et il se plaît sur le bateau grâce notamment à la présence de son vieil ami Sieg Hammermeier.

Siegfried est l’incarnation même de la réussite et de la volonté. Né dans une famille modeste, rien ne le prédestinait à devenir l’homme qu’il est : ses parents n’avaient pas les moyens de lui offrir l’éducation dont il rêvait. Et pourtant, alors qu’il n’était qu’un tout petit garçon, il tomba sur un ouvrage illustré de l’Illiade et l’Odyssée d’Homère. A l’instant même où ses yeux se posaient sur les dessins, une vocation était née. Il apprit néanmoins à lire et écrire, allant à l’école et se donnant les moyens de réussir. Mais une fois rentré chez lui, Sieg se jetait sur les ouvrages d’Homère et les dévorait, avant d’ouvrir son désir de connaissance vers d’autres auteurs et d’autres histoires. Pour se permettre d’accomplir le destin dont il rêvait, Sieg commença à travailler très jeune, se payant ainsi lui-même l’éducation qu’il voulait recevoir, sans être une charge pour ses parents. Il cumulait travail et école, devoirs et fatigue, se levant tôt et se couchant tard et ne rechignant jamais à la tâche. Et malgré tout, il restait souriant et de bonne humeur. Le jeune homme avait de quoi provoquer l’admiration dans son entourage. Sa détermination et sa passion lui permirent de se dépasser, luttant encore et toujours pour réussir et atteindre les hautes sphères. Il alla à l’université et obtint ses diplômes avec brio et bientôt, son nom était sur toutes les lèvres en Europe. Un génie venait de naître et tout le monde se l’arrachait.

Aujourd’hui, Siegfried est l’un des historiens les plus éminents du monde entier, grand professeur et grand auteur, spécialisé dans la Grèce Antique. Et sa rivalité avec John Rushmore n’a fait que croître au fil des années, Rushmore ne supportant pas d’avoir un concurrent de cette importance et désirant se garder la part du lion. Mais Sieg est bien moins ambitieux que simple passionné, n’ayant pas accompli tout ceci dans le but de devenir célèbre, mais dans celui d’apprendre et de découvrir toujours plus de choses sur cette merveilleuse civilisation. Il se rend d’ailleurs régulièrement en Grèce, pays où il rencontra son épouse. Pays où il la perdit également, succombant à la Grippe. Ce fut une période difficile pour cet homme qui aimait profondément sa femme, mais il continua d’avancer et de voyager, se noyant dans le travail. L’année suivant le décès de son épouse, il découvrit une toute petite fille, errant perdue sur une plage de Crète. La pauvre innocente lui fit pitié, elle qui ne semblait n’avoir aucun souvenir, elle qui semblait avoir traversé des épreuves et ne plus avoir de famille pour la choyer. Tout comme lui. Alors il décida de la prendre sous son aile et de l’éduquer comme sa propre fille, l’adoptant et l’aimant et lui faisant partager sa passion des voyages et de l’Histoire, sans jamais creuser plus loin pour connaître les origines de cette enfant abandonnée. A bord du Magellan, Sieg reste fidèle à lui-même, aimant rire et détendre l’atmosphère. Certains l’appellent l’excentrique, mais il est loin de s’en offusquer, et le périple qu’ils entament tous ensemble l’enthousiasme au plus haut point.

Tel un merveilleux coquillage rejeté sur le sable chaud, Doreah recèle en elle bien des mystères à commencer par celui de ses origines. Alors qu’elle n’était encore qu’une petite fille, Siegfried Hammermeier la découvrit seule, errant sur une plage de Crète, l’air hagard. Ses grands yeux innocents envoûtèrent immédiatement l’homme qui venait de perdre sa femme et qui décida sans hésiter de prendre en charge l’enfant perdue. D’où vient-elle ? Quel âge a-t-elle réellement ? Qui était ses parents ? Que lui est-il arrivé ? Autant de questions sans réponses que Sieg repoussa bien vite dans un coin sombre de son esprit pour simplement prendre soin de Doreah et l’élever comme sa propre fille, la choyant et l’aimant comme si elle était sienne. Amour qu’elle lui rendra au centuple, très attachée qu’elle est à cet homme bon et un rien excentrique, qui l’amuse sans cesse et l’émerveille par ses histoires mythiques gorgées d’aventures. Mais malgré cette enfance tranquille offerte par son père adoptif, la jeune fille est loin d’être aussi paisible au fond d’elle-même. Depuis toujours, ses nuits sont habitées de drôles de rêves, des songes mystérieux liés à l’eau et à l’océan. Sa plus grande frustration vient du fait qu’elle ne s’en rappelle jamais réellement à son réveil. Et le fait de ne pas comprendre et de ne pas détenir toutes les clés de sa vie la rend un brin mélancolique.

Les années passant, Doreah est devenue une très belle jeune fille, consciente de sa beauté et aimant se rendre compte de l’effet qu’elle peut avoir sur les hommes. Cependant, elle ne s’est encore jamais risquée à réellement tenter de séduire quelqu’un, étant d’un naturel réservé et discret et ne sachant vraiment comment s’y prendre. De son père adoptif, elle hérita le goût passionnel pour l’Histoire et la soif inextinguible d’apprendre toujours de nouvelles choses. Il est donc chose normale et courant de la voir un livre à la main, dévorant les pages comme un loup mangerait ses proies et ses heures de lecture assidue ainsi que de voyages avec son père en font une personne très cultivée et curieuse de tout. Malgré la passion de Sieg pour l’Histoire grecque et les récits d’Homère, Doreah développa, elle, un goût pour l’Histoire romaine, ce qui engendre souvent des discussions houleuses et des débats sans fin entre les deux Hammermeier, teintés de taquineries plus que de véritable atmosphère conflictuelle, chacun défendant sa spécialité et sa suprématie sur l’autre. Aujourd’hui, elle est à la fois excitée et angoissée à l’idée de prendre part à cette formidable expédition dans l’équipage du Magellan, car outre le fait qu’elle soit une femme cultivée et talentueuse, fille d’un éminent professeur, il se murmure que sa présence vient surtout du fait que les organisateurs pensent que Doreah a un rapport avec la Cité Engloutie de l'Atlantide…

Christopher a toujours été un petit surdoué, passionné d’histoire et de géographie ses parents travaillèrent très dur pour l’envoyer à l’Université de Cambridge et lui permettre d’étudier la géographie avec les plus grands experts de son siècle. Le jeune écossais a vite impressionné à la fois grâce à sa capacité d’adaptation formidable mais, aussi à cause de son immense intelligente qui lui permit d’obtenir son doctorat en un rien de temps.  Il n’empêche que malgré toutes ses connaissances et un physique atypique mais, plutôt attirant Christopher est quelqu’un d’extrêmement modeste, voir même un grand complexé ! Peut-être parce qu’il n’a jamais réussit à garder une copine très longtemps et qu’il c’est toujours sentit attiré par les hommes plutôt que par les femmes.

Mais il est presque impossible de se rendre compte de cette partie de son caractère, puisque sur le navire Christopher est un vrai boute-en-train, un petit intello hyperactif qui cours dans tous les sens, qui passe sa vie avec des cartes, qui se perd dans de longues explications et qui arrive à s’amuser simplement avec un tableau noir et un bout de craie.

Alexander est le fils cadet d’un riche marchand de tissu anglais installé non loin du Canal de Panama, il a donc passé toute une partie de sa vie au milieu en Amérique Centrale et plus particulièrement au Mexique. Bien que n’étant pas originaire de la région il ne tarda pas à se passionner pour la culture locale et tomba très vite amoureux des vieux temples aztèques, de la jungle et de ses nombreux mystères. Lorsqu’il fut âgé de dix-huit ans il quitta sa famille pour partir faire des études d’archéologie dans une grande université britannique. Véritable petit surdoué il eut son diplôme sans trop de problèmes et commença alors à chercher de vieilles pierres aux quatre coins des Amériques ! Et c’est au Pérou qu’il fit la connaissance de Johnse  Rushmore, cette première rencontre fut assez mouvementé puisque l’américain lui déroba une amulette Inca qu’il donna ensuite à un particulier alors que le jeune Alexander lui aurait préféré la voir dans un Musée. Le garçon de Panama fut donc assez surprit de pouvoir intégrer l’équipage de Magellan… et bien que méfiant au départ il décida d’accepter cette offre exceptionnelle pour en savoir plus sur l’Atlantide mais, aussi et surtout sur le Continent perdu de Mu, la fameuse Lémurie dont les marins lui parlaient souvent quand il n’étant encore qu’un enfant.

Arthur est le fils cadet de Sir William Ewart Gladstone, ancien premier ministre britannique, il a donc été élevé dans une famille aussi stricte qu’aisée. Au départ son père rêvait de le voir devenir politicien mais, le jeune homme préféra faire des études de zoologie plutôt que de prendre la même voie que son père et que son frère ainé. Surdoué conscient de son intelligence, il devint rapidement un étudiant suffisant, arrogant et toujours prêt à corriger ses professeurs. Cette attitude lui value un grand nombre d’avertissements et c’est d’ailleurs le nom de son frère qui lui permit de ne pas se faire renvoyer. Cela n’empêcha pas Arthur de devenir un zoologiste aussi brillant que controversé et c’est surement pour cela que Johnse Rushmore décida de faire appel à lui…

Evidemment Arthur – en bonne rockstar qu’il était – accepta la proposition de l’américain, d’autant plus que cette histoire d’Atlantide l’a toujours intéressée et qu’elle est en rapport avec une chose qu’il adore : la crypto zoologie. De plus Arthur est un homme observateur et extrêmement intelligent des qualités assez utiles... surtout lorsque l'on cherche une ancienne cité engloutie.

Pétillante et mystérieuse, Natasha incarne parfaitement ce qui est attendu d’une voyante, s’entourant de secret et convaincant le monde entier de ses dons paranormaux. Intelligente et observatrice, elle parvint à se faire une place dans le monde, place durement acquise et qui ne lui était pourtant pas destinée aux prémisses de sa vie. Née à Iekaterinbourg d’une mère gitane, elle ne connut jamais son père bien que sa mère ne lui ait jamais caché son identité. Mais un monde séparait les deux amants et la gitane fit rapidement comprendre à sa fille que son père –un homme d’affaire russe- ne pourrait jamais l’accepter et s’occuper d’elle. Cet état de fait ne perturba jamais réellement Natasha, qui grandit, heureuse, dans une compagnie de gens du voyage, changeant fréquemment de ville et rencontrant toujours plus de gens aussi différents les uns que les autres. Une vie excitante et bien remplie. Dès qu’elle fut en âge, on lui apprit à tirer les cartes, gagne pain de sa mère et de ses semblables, et la jeune fille se montra bonne élève et bien vite, son joli minois et son sourire ravageur firent d’elle la voyante la plus demandée. Sa réputation grandissante finit par atteindre les hautes sphères et les membres des classes aisées commencèrent à affluer pour lui demander de prédire leur avenir.

Croisant autant de monde que possible, des riches comme des pauvres, des malheureux et des malchanceux, autant que des gens assoiffés de pouvoir ou de reconnaissance, la jeune medium finit par développer un sens éminemment aigu de l’observation, se servant de ce qu’elle avait vu chez d’autres pour comprendre ce qu’il se passait chez ses nouveaux clients et faisant autant de recoupements que son esprit aguerri à l’exercice pouvait lui permettre. Menteuse et filoute, elle apprit très rapidement à ne plus se fier aux cartes pour simplement se servir de son sixième sens, jouant avec les sentiments, tirant sur les cordes sensibles et guettant la moindre réaction pour faire son opinion. Elle se montra très douée dans cet art difficile, dupant de plus en plus de personnes. Natasha se fit une solide réputation de medium, à tel point qu’on commença à l’appeler dans les villes pour venir conter le futur aux riches. C’est ainsi que la petite gitane sans le sous engrangea une grosse fortune et devint célèbre, par delà même les frontières, ses voyages l’emmenant toujours plus loin dans des lieux toujours plus aisés. C’est surprise qu’elle accueillit la proposition de rejoindre l’expédition du Magellan, surtout en se trouvant devant Johnse Rushmore qui semblait plus que perplexe face à son « don ». Mais voyant là une occasion de devenir riche et encore plus célèbre, elle n’hésita pas. Elle s’amuse même énormément sur le bateau à décrypter les membres de l’équipage et jouant de son voile de mystère, titillant tout un chacun et posant son regard perçant sur tout le monde. Le plus difficile sera de s’en sortir indemne quand on lui demandera de faire des prédictions sur les recherches, mais la médium s’en sortira avec une pirouette dont elle a le secret, à n’en pas douter.

Fils de militaire, c’est la volonté colonialiste du Royaume-Uni qui fit naître William O’Connor loin de sa terre irlandaise d’origine. Son père fut envoyé à Alexandrie avec toute une garnison, pour asseoir de plus en plus l’influence britannique sur ce pays millénaire qui avait tant à offrir. Sa jeune épouse, auparavant gouvernante, le suivit dans ces contrées arides et hostiles, espérant malgré tout construire une famille et goûter à un peu de bonheur. Et ce fut le cas, la petite famille vécut des jours heureux malgré le climat parfois dur et les temps belliqueux que pouvaient traverser le pays. William se montra un jeune garçon aventurier dès le début, aimant se dérober au regard de sa mère pour aller explorer de nouveaux lieux, adorant se perdre dans les souks, ou encore dans les méandres de la ville antique. De son père il hérita son tempérament courageux et turbulent, donnant du fil à retordre à sa jeune mère, tout en sachant lui offrir tout l’amour qu’un petit garçon pouvait donner à sa génitrice. Il apprit à se battre, admirant son paternel, qui bien que sévère, s’occupait beaucoup de lui. Mais sa vie bascula, lorsqu’à l’âge de douze ans, William perdit ses parents. Se retrouvant orphelin, il fut obligé de se débrouiller seul, se frayant un chemin dans la vie avec détermination.

Et c’est ainsi qu’il commença  à enchaîner les petits boulots pas toujours très honnêtes, se forgeant une réputation d’aventurier intrépide et audacieux, plein de ressources, menant les chercheurs de trésors à travers la ville et ses envions. Sa connaissance du terrain, pour l’avoir maintes et maintes fois parcouru et fouillé durant l’enfance, lui donna l’avantage sur bon nombre de concurrents, et c’est la raison pour laquelle son nom fut murmuré à l’oreille de Johnse Rushmore, venu faire quelques fouilles dans le port d’Alexandrie. Leur première rencontre –alors que William n’était âgé que d’une quinzaine d’années- marqua le début d’une longue collaboration jamais interrompue jusqu’à ce jour. Pilleur de tombes et véritable aventurier, l’orphelin aime sa vie mouvementée et en perpétuelle évolution, faite de bagarres et d’aventures. Et c’est bien parce qu’il ne recule jamais devant un peu d’action et de nouveauté qu’il répondit sans hésiter à la demande de son vieil ami : quoi de plus excitant que d’embarquer sur un navire pour voguer à travers le monde à la recherche d’un mythe disparu et considéré comme terriblement précieux ? William compte bien profiter de cette expérience pour amasser un peu de fortune et surtout pour mordre la vie à pleine dent : pour lui, la vie n’est qu’un amusement et une grande aventure, et il est persuadé qu’il est sur le point de vivre la plus belle et la plus enrichissante.

La voie de Lucretia était toute tracée depuis bien avant sa naissance : issue d’une grande famille d’historiens italiens installés au Caire dont la lignée s’étend à présent sur plusieurs générations, il était évident que la jeune fille suivrait les traces de son père et de son grand-père avant lui. Elle grandit parmi les livres, adorant s’enfermer dans l’immense bibliothèque familiale pour absorber toute la connaissance qu’elle pouvait y trouver, lisant des tas de contes, mythes et légendes à ses jeunes frères et sœurs dont l’émerveillement certain l’emplissait de joie. Sa position d’aînée dans la fratrie la rendit patiente et attentionnée, s’occupant de ses frères et sœurs avec dévotion et amour. D’une nature terriblement curieuse, Lucretia suivait son père comme son ombre lorsqu’elle était enfant, lui posant moult questions sur son métier et les recherches qu’il entreprenait… ce qui avait à la fois le don de l’agacer et de l’attendrir, mais il s’employa à la former et à la soutenir –contrairement à sa mère-, alors que son statut de femme l’entravait dans ses projets. C’est ainsi qu’elle devint bibliothécaire du musée, travaillant avec entrain mais continuant de s’adonner à sa réelle passion : native du Caire, en Egypte, la jeune Falco y passa toute sa jeune vie et développa naturellement une passion dévorante pour l’égyptologie, inspirée par le décor somptueux qu’elle avait sous les yeux en permanence et ce peuple coloré qu’elle aimait tant.  

Curieuse et passionnée, Lucretia ne veut pas se contenter de ses livres et se rend de temps en temps  sur le terrain, même s’il lui arrive alors de provoquer quelques catastrophes. Cependant, et malgré les railleries, les archéologues et autres chercheurs l’apprécient, reconnaissant ses larges connaissances sur le sujet… Mais essayent tout de même de la maintenir à l’écart, la renvoyant souvent à sa bibliothèque. La perte de ses parents dans un accident l’anéantit, et lui fit perdre sa bonne humeur habituelle pendant quelques temps, retrouvant ses parents dans chaque recoin de la maison. Alors lorsque Johnse Rushmore vint lui proposer de participer à une extraordinaire expédition, elle n’hésita que quelques secondes avant de se jeter, tremblante mais excitée, dans l’aventure. Johnse n’est pas un homme qu’elle apprécie réellement, voyant en lui un véritable pilleur de tombes, faisant du profit avec des merveilles historiques et profanant des lieux sacrés sans état d’âme, alors que lui admire la jeune fille et respectait ses parents qu’il connaissait depuis longtemps. Mais Lucretia est prête à passer par-dessus ses a prioris pour avoir la chance d’enfin vivre sa passion en mouvement, au lieu d’être cantonnée aux illustrations et récits des ouvrages historiques.

Sœur Sarah ou « Sorella Sarah » pour les amateurs d’Italien est la fille cadette d’une riche famille italienne, et comme toutes les cadettes elle a été envoyée dans les ordres dès son plus jeune âge. L’enfant fut donc élevée par les nones, appréciée pour son calme, sa patience et sa gentillesse elle fut rapidement affectée à l’entretient de la grande bibliothèque du Couvent, c’est là qu’elle se passionna pour la lecture des livres saints et qu’elle fit la connaissance de « Sœur Laetitia » qui lui fit découvrir un grand nombre d’écrits apocryphes et plus particulièrement l’Evangile selon Judas.  Cet intérêt pour des ouvrages souvent considérés comme « hérétiques » lui a valu quelques problèmes auprès de sa hiérarchie mais, sa douceur et sa gentillesse lui ont toujours permis de s’en sortir sans trop de problèmes. D’ailleurs cette grande connaissance lui permit de se faire une réputation auprès des clercs italiens et c’est aussi pour cela que la mère supérieure accepta de la laisser quitter son couvent pour qu’elle puisse accompagner l’équipage du Magellan dans son voyage.

Même si le fait de devoir voyager autour du monde avec un groupe de parfaits inconnus a tendance à stresser la jeune femme, celle-ci est tout de même excitée à l’idée de pouvoir découvrir des paysages insensées et de faire des rencontres plus belles  les unes que les autres.

Fils et petit-fils de militaires de carrière, Pierre Delpech n’eût presque d’autre choix que de suivre la voix familiale tracée depuis des générations. Quasiment tous les membres masculins de la noble famille Frayssinet suivent une carrière dans l’armée et servent leur grand pays pour le meilleur et pour le pire. D’une famille originaire de Brest et implantée dans ce port depuis maintenant des années, c’est tout naturellement que Pierre se tourna vers la Marine, comme son père avant lui. Son éducation fut stricte et sévère, l’armée et ses codes dépassant le seuil des camps pour pénétrer la maison. Il n’a jamais connu que cette rigueur et il s’agit donc pour lui de la seule véritable façon de vivre et d’avancer dans la vie : en se forgeant un caractère solide, endurant, sans état d’âme, droit et juste. Dès son plus jeune âge, Pierre s’acharna à se montrer fort et courageux.

Excellent Capitaine, il monta les échelons de l’armée et obtint le respect de ses paires. Il participa même à la guerre franco-prussienne de 1870, de laquelle il garde quelques souvenirs douloureux. Mais jamais le marin ne se laisse aller à la faiblesse, ne tolérant pas cela chez les autres, il est d’autant plus dur avec lui-même : ressasser le passé et s’appesantir sur des images terribles n’aident en rien. Il est de toutes façons persuadé d’agir pour le meilleur et ne regrette rien, ne souhaitant que protéger son pays et sa famille. C’est un homme foncièrement bon malgré son apparence sévère et sa stature impressionnante. Marié, son épouse lui donna trois enfants, mais si le militaire prend son rôle de père éducateur très au sérieux, il est bien trop souvent parti sur les mers pour véritablement s’occuper de sa progéniture et de sa femme. Il les voit très rarement et a même parfois du mal à reconnaitre ses enfants lors de ses escales brestoises. Malheureusement, Pierre fut obligé de quitter l’armée voilà à peu près cinq ans, à cause d’une blessure remettant en cause ses capacités : il en fut meurtri profondément, se sentant soudain affaibli et rejeté par la vie qu’il avait toujours mené, mais il comprit bien vite que cette décision, quoi que douloureuse, était nécessaire. Il n’en garde aucune rancœur, et continue malgré tout de voguer sur les mers. Et ce fut donc avec un plaisir et une fierté non feinte qu’il accepta de prendre la tête du Magellan, devenant son Capitaine et partant de nouveau à l’aventure, une aventure susceptible d’apporter un changement et une force nouvelle à l’humanité.    

Le vilain petit canard de la famille. Le petit Richard fut souvent considéré comme tel par ses parents, trouvant leur fils trop différent des autres enfants, trop décalé par rapport à ses cousins et cousines. Un père banquier et une mère issue de la petite bourgeoisie ont fait évoluer Richard dans un contexte familial tourné vers les finances et le jeu des apparences de la société… Ce qui, bien vite, fut insupportable pour le jeune garçon. Rêveur et idéaliste, il préférait rester des heures à observer les nuages changeant de formes, les couleurs des feuilles au fil des saisons ou encore l’effet du vent soufflant sur l’eau, provocant des ondes rondes et presque magiques pour lui, plutôt que d’apprendre ses tables de multiplications. Des heures durant, il s’asseyait sur un petit banc dans le jardin de la maison, carnet et fusain en main, tentant de reproduire le miracle naturel qui se déployait sous son regard enfantin d’abord, plus mature ensuite, mais toujours un regard neuf et inédit qui donnait à ses créations un aspect admirable et fascinant. Autodidacte, il s’acharna au travail, développant un réel don avec la peinture et son jeu de couleurs, mais le fossé entre lui et ses parents ne fit que s’agrandir à mesure que les années passaient. Son père souhaitait le voir suivre la même voie que lui, assurant ainsi un avenir stable à sa future vie familiale. Mais Richard, borné et surtout passionné par l’art et rebuté par le monde de l’argent, n’en fit qu’à sa tête et continua dans son désir de peinture, se brouillant avec sa famille qui lui coupa les vivres.

Gottlieb emménagea alors dans un tout petit appartement à Amsterdam et enchaîna les œuvres, tentant ensuite de les vendre, soit dans la rue, soit en démarchant quelques galeries d’art. Si beaucoup de monde reconnaissait son talent, son style particulier et déjà novateur l’empêchait de faire affaire : personne ne voulait acheter ses toiles, à part quelques rares connaisseurs avant gardistes. Or il fallait payer les factures, son logeur le menaçant déjà de l’expulser… Lui qui avait quitté une vie confortable pour s’adonner à sa passion de toujours voyait son rêve voler en éclat, prenant conscience qu’il était bien plus compliqué de vivre de l’art que ce qu’il avait cru. D’autant plus que le manque d’acheteurs le faisait remettre en cause son talent et sa vocation même. Il en devint mélancolique, puis dépressif, sombrant dans l’alcool, avant de se décider à appliquer les préceptes de son paternel : il devait gagner sa vie. Sa maîtrise du dessin, seule chose qu’il savait réellement faire, l’amena à devenir cartographe. Métier intéressant, à défaut d’être inspirant. Ce métier l’entraîna dans des voyages extraordinaires, en Egypte, en Grèce, mais aussi en Afrique et plus loin encore. Gottlieb se fit rapidement une excellente réputation, raison pour laquelle Johnse Rushmore décida de l’embarquer sur le Magellan. D’une nature drôle et plutôt excentrique, Richard se plaît à bord, même si parfois, seul dans sa cabine, ses démons viennent le visiter et le torturer…  

Calme et sereine comme la douce brise venant caresser les bambous ; silencieuse et mystérieuse comme une nuit sans lune ; Yû Hei fut le véritable petit miracle qui illumina la vie d’un couple anglais. Riche commerçant profitant des conséquences de la fin de la seconde guerre de l’opium, James Abernathy posa bagages avec sa femme à Hong Kong pour y entretenir un commerce prospère d’import-export. Stérile, son épouse tentait de combler son envie de maternité en visitant des orphelinats, espérant un jour trouver celle ou celui qu’elle pourrait appeler « son » enfant, priant pour l’étincelle dans le regard, pour le serrement de cœur qui lui assurerait que cet enfant était son âme sœur.  Et le miracle se produisit alors que le couple posait les yeux sur cette petite fille si calme, au regard mélancolique mais prompte aux sourires. Yû Hei passa donc son enfance à Hong Kong, ne manquant de rien, choyée et protégée par le couple Abernathy. Et en grandissant, la jeune asiatique développa un goût pour la lecture et l’Histoire, désirant même faire des études.

Considérée comme une véritable fille par le couple, ils décidèrent sans hésitation de rentrer en Angleterre pour offrir à Yû Hei l’enseignement qu’elle souhaitait recevoir. Elle fit ainsi des études d’Histoire à l’université de Cambridge et se prit de passion pour l’histoire de son pays d’origine, ainsi que pour l’Asie d’une manière générale. Alors se spécialisa t-elle dans cette branche, devenant peu à peu une experte reconnue. Sa connaissance de multiples langues fait sa force, notamment sa capacité à parler le mandarin et d’autres dialectes. Qualité qui n’échappa guère à Johnse Rushmore, voyant là une carte maîtresse si d’aventure ils se retrouvaient à voguer vers la Chine. A bord du Magellan, Yû Hei mène sa vie sans heurt et sans réellement se préoccuper des autres, vivant dans sa bulle et offrant au monde une apparente sérénité, voire même de l’indifférence qui en surprend plus d’un. Mais elle se montre toujours gentille et serviable. Qui sait ce qu’il se passe réellement dans la tête de cette jeune femme ?...